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Arts et culture

Pierre Scholla, peintre notoire à la vie haute en couleur

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Participation à la Résistance, rencontre avec Frank Sinatra, meilleur copiste du Louvre, décoration de la Légion d’honneur… Le peintre Pierre Scholla est un puits d’anecdotes à la fois épatantes et émouvantes. Rencontre avec ce Corbeillois connu à l’international.

La maison à deux étages de Pierre Scholla, à Corbeil-Essonnes, est à l’image de son propriétaire : colorée, vive et chargée de souvenirs. Les murs sont jaunes ou verts ; le canapé et le fauteuil, rouges et à peine décolorés par le temps. Au-dessus de la télévision trône un portrait de César, sculpteur et ami de l’artiste, dont le regard attendrissant réchauffe encore plus la pièce. Pierre Scholla et son épouse Élisabeth habitent cette demeure de Corbeil-Essonnes depuis 1990.

Pierre Scholla utilise de la peinture acrylique pour ses toiles dans son atelier au premier étage. Photo EH – M’Essonne

« C’est une vieille ville attachante », signifie le peintre de 96 ans. « C’est extraordinaire comme ville, on découvre toujours quelque chose », renchérit sa conjointe. Corbeil-Essonnes, extraordinaire et attachante, à l’instar de la vie du peintre et de sa personnalité, faites de rencontres et d’épreuves. « Pierre Scholla, c’est une palette. Prenez une palette, détaillez-en chaque couleur et vous retrouvez Pierre Scholla », lit-on dans une monographie. Le regard rempli d’humilité, l’artiste s’est confié sur quelques-unes de ces couleurs.

Histoire d’un héritage

Pierre Scholla est né en 1928 à Les Pavillons-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis (93). Dès l’âge de cinq ans, il emprunte les crayons de couleur de son grand-père. « Il dessinait tout le temps mon grand-père, tout le temps ! » Quant à son père, relieur d’art à Paris, il « dessinait comme un dieu », raconte-t-il, très ému. « J’ai hérité de ça. » La voie semble toute tracée. À 14 ans, Pierre Scholla étudie d’abord la peinture et la lithographie à Nîmes, avant de rejoindre Paris plus tard.

Marcel Scholla, le père de l’artiste, a peint deux tableaux, tous deux exposés dans l’atelier. Photo EH – M’Essonne

Durant la Seconde Guerre mondiale, il séjourne à Tavel dans le Gard avec ses parents. Parce qu’il imite bien les signatures, la Résistance fait appel à lui de nombreuses fois. « Je faisais de faux papiers, au risque de ma vie et de celle de mes parents. »

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Une vie de récompenses

Charles de Gaulle souhaite décorer le faussaire pour son engagement durant la guerre, mais ce dernier refuse. « Je n’ai pas pu accepter sur le moment », confie-t-il, se remémorant ses camarades arrêtés et fusillés par la Gestapo. Il n’a pas non plus peint ces événements tragiques. « Comment veux-tu faire ? On ne peut pas représenter des souvenirs comme ça. » Il accepte finalement la Légion d’honneur en 2017. D’autres récompenses se sont ajoutées durant sa vie de peintre, pleinement vécue à partir des années 1980.

Considéré à 22 ans comme le meilleur copiste du Louvre, il a reproduit ici sainte Anne d’après Léonard de Vinci. Photo EH – M’Essonne

« En attendant de vivre de ma peinture, j’ai été gérant d’un magasin de chaussures de luxe à Corbeil-Essonnes. » Cela ne l’empêche pas d’être en même temps exposé dans des galeries parisiennes, dont Artcurial, et de recevoir des prix. En 1997, il reçoit un Award d’or au Salon international de la sérigraphie, à Atlanta. « C’est comme les Oscars à Hollywood. Il y avait plus de 900 prétendants et j’ai décroché ça », plaisante-t-il plutôt que d’en tirer un certain honneur. « Ce n’est pas une question de fierté, mais de reconnaissance. Tu peins sans avoir la capacité de savoir si ce que tu fais est bien ou non. »

« J’ai connu Frank Sinatra »

Pierre Scholla reste humble. Pourtant, nombreux sont ceux à avoir reconnu son talent. À commencer par ses amis artistes : le sculpteur César Baldaccini, dit César, et les peintres Georges Mathieu et Bernard Lorjou. Avec le premier, ils partagent une même conception de l’art : « Elle n’était pas intellectuelle, mais charnelle. » Les deux autres le conseillent et le rassurent : « Mathieu disait que l’œil précède le geste à la seconde près. Tu traces avec ton œil. » Certaines rencontres plus éphémères restent tout aussi marquantes pour l’Essonnien.

Pierre Scholla sourit en regardant une photo du sculpteur César, son meilleur ami décédé en 1998. Photo EH – M’Essonne

En 1980, le peintre, alors veuf d’un premier mariage, dîne avec le réalisateur Jacques Tati : « Il loge dans le même hôtel que moi, alors qu’il tourne Trafic. Sauf qu’il ne pouvait pas tourner, car l’autoroute était bouchée à sept heures ! » Lors d’une exposition à New York cinq ans plus tard, le peintre rencontre Frank Sinatra, auquel il offre une toile. Puis le chanteur l’emmène à Harlem : « Il a raconté que j’étais un grand artiste français et j’ai été reçu comme le Messie ! » Ces moments sont « inouïs » pour Pierre Scholla et « laissent une trace ».

Le bonheur de la peinture

La galerie de l’artiste, située dans sa maison, abrite plus de 500 toiles. Elle présente toutes les périodes du peintre, celle des paysages, des portraits et du cosmos, à laquelle il se consacre toujours. « La peinture, c’est la couleur », affirme-t-il. Elle s’inscrit définitivement partout dans ses œuvres qu’il imagine la nuit. Il a représenté les paysages de l’Essonne, de l’Île-de-France et du Midi où son frère vit. « Là-bas, la lumière se réverbère sur les murs, c’est magnifique. Le soleil embellit tout. » Pour chaque toile, les couleurs sont vives et contrastées.

« Une toile, c’est du bonheur » et une explosion de couleurs pour l’artiste. Photo EH – M’Essonne

Pour la série sur les astres, il jubile devant les couleurs « phénoménales » du ciel. Sur sa table de salon se trouvent aussi des ouvrages sur des maîtres de la couleur : Matisse, Picasso et Rothko. S’agissant de ce dernier, « pour chaque toile, il faisait ses propres pigments », admire le Corbeillois. Aujourd’hui, Pierre Scholla peint moins et écrit davantage. Celui qui manie les pinceaux depuis tant d’années confie s’être plongé dans l’écriture et avoir déjà retranscrit 17 volumes sur son histoire et sa carrière. « On peut faire dix romans avec ma vie », conclut-il sans la moindre exagération.

En pratique :
Rétrospective « Fenêtre sur l’infini » à Corbeil-Essonnes
; à la Galerie d’art jusqu’au samedi 16 mars, au Centre municipal de santé jusqu’au vendredi 5 avril et au Théâtre de Corbeil-Essonnes jusqu’au samedi 6 avril ; gratuit.

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