Formé en stylisme et en maroquinerie, Franck Claudon a travaillé une vingtaine d’années dans ces deux secteurs d’activité. Artiste dans l’âme, il peignait déjà « depuis tout petit » en parallèle. En 2013, il franchit le pas et s’installe en tant qu’artiste à Sainte-Geneviève-des-Bois. « Je ne me voyais pas passer ma vie à faire des vêtements » avoue-t-il. S’il continue la peinture, Franck Claudon va surtout développer sa signature autour du textile. Et tout a commencé de façon fortuite.
Une broderie minutieuse
« L’appartement mitoyen au mien a brûlé et nous avons dû déménager, raconte-t-il. J’ai donc ressorti toutes mes vielles affaires en tissu. » Inspiré par ces trouvailles, Franck Claudon va alors se « réapproprier les techniques » qu’on lui avait enseigné, en travaillant sur de vieux tissus notamment. « Ça permet de se libérer, d’aller plus loin et de dire plus de choses qu’en peinture » explique l’artiste. Franck Claudon manie plusieurs techniques autour du tissu, comme le modelage ou la broderie. Il brode d’ailleurs, de façon très fine et précise, des mots, des phrases, mais aussi de petites perles ou des paillettes. Par milliers. Sa « Corde sensible », mesurant trois mètres de long et entièrement constituée de petites perles nacrées, est un bel exemple de sa dextérité et de sa précision.
Des paillettes
Si l’artiste aime à broder des paillettes, il les considère comme « du maquillage, un moyen de cacher des choses, car, dit-il, ce n’est pas parce que cela brille que c’est heureux ». Parfois, ces paillettes d’apparat sont cachées par un monstre d’austérité extérieure. C’est toute la signification de son « Fou » . Cette œuvre, conçue en hommage à Camille Claudel qui avait été internée pendant plusieurs dizaines d’années, a l’apparence d’une camisole en tissu de lin. L’intérieur de l’objet, brodé de paillettes de toutes les couleurs contraste avec cette « peau rugueuse », symbolisant « le trésor caché à l’intérieur des gens ».
L’interprétation du temps
Le temps est aussi une notion omniprésente dans le travail de Franck Claudon. Tout d’abord, parce que la réalisation de chaque pièce en demande beaucoup, mais aussi et surtout parce qu’il utilise des tissus anciens. Sa composition « Pièces rapportées », dédiée à sa mère, explore un peu plus la notion du temps qui passe. « C’est un dialogue muet avec ma mère atteinte de Parkinson » explique l’artiste. Pour ce faire, il a utilisé des matières premières qui appartenaient à sa mère : les tiroirs de sa couturière, de vieux torchons, son carnet d’épingles… La sensibilité à fleur de tissu.
« Les textiles parlent avec les textiles »
Les personnages en tissu de Maurice accompagnent les œuvres textiles de Franck Claudon. Agnès, de son vrai prénom, conçoit ses poupées comme des « objets d’expression privés ».
Çà et là, sur les murs du Café curieux, elles font écho au travail de l’artiste invité. « Les textiles parlent avec les textiles », constate Maurice. En 2019, elle avait participé à l’exposition « Trip’ chiffon » au même endroit.
En pratique :
Exposition Fil-amant avec l’artiste Franck Claudon, jusqu’au 10 juillet 2021 au Café curieux – 2 bis rue Colas 91390 Morsang-sur-Orge.
Visite sur rendez-vous les jeudis matins au 06.31.77.80.22
Plus d’informations sur le site internet du Café Curieux, http://leblogducafecurieux.blogspot.com/
Découvrir Franck Claudon : www.franckclaudon.com
Photo de Une : Franck Claudon devant “Pièces rapportées”, sa composition construit comme un dialogue avec sa mère. Photo LC-M’Essonne