Pour les Journées européennes de l’archéologie, ce week-end des 19 et 20 juin 2021, l’Association historique de Marcoussis ouvre les portes du château de Montagu au public. C’est une belle – et rare – occasion de se laisser conter la riche histoire de ce site et de découvrir de plus près les enjeux de conservation et rénovation.
Le château de Marcoussis doit son nom à Jean de Montagu, seigneur de Marcoussis, qui a fait construire la bâtisse dans les années 1403-1408. « La seigneurie de Marcoussis allait jusque dans le Loiret, explique Patrick Bourgueil, le président de l’Association historique de Marcoussis (AHM). Et notre château, notre tas de pierres, a été proche du royaume. »
Jean de Montagu avait en effet hérité de la fortune familiale et agissait en tant que conseiller du roi Louis VI. À Marcoussis, il avait fait ériger le château en lieu et place d’un premier manoir de taille plus modeste, dont « les fondations dateraient du XIe ou XIIe siècle » précise Patrick Bourgueil. Si les premières origines du château de Montagu restent floues, les historiens locaux ont pu retracer sa chronologie depuis le XVe siècle et obtenir des précisions quant à son architecture globale.
Un château-fort d’apparat
Le plan du château ressemblait à celui de la Bastille – dont Jean de Montagu était gouverneur – avec ses escaliers d’honneur, les galeries et le décor de statues grandeur nature.
Son beau parement en pierres et ses dimensions remarquables (40 sur 60 mètres), en faisaient un château d’apparat imitant la royauté. Entouré de douves, il était flanqué de quatre tours d’angle, mais surtout, il disposait d’une « barbacane de défense, construite en grès local ». Cet édifice, qui barrait l’accès direct au château, avait une fonction défensive majeure.
De la royauté à la démolition
Vers 1420, le château de Montagu passe aux mains de la famille Graville, mais ce n’est qu’à la fin du XVe siècle que l’amiral Louis Malet de Graville, s’y installe. Celui-ci est seigneur de Marcoussis, mais aussi d’Arpajon, de Milly-la-Forêt et de Malesherbes. Il est tellement riche qu’il « prête même de l’argent au roi » commente Patrick Bourgueil. D’ailleurs, Louis XI, Charles VIII, Louis XII ou François Ier venaient à Marcoussis. Plus tard, Henri IV gravite également autour du château pour venir voir sa maîtresse, Henriette d’Entragues de Verneuil. « Une légende raconte que le roi venait en bateau, en passant par les douves, pour la voir. » Vraie ou pas, cette légende n’est sans doute partie de rien puisque l’association a découvert une sorte d’embarcadère sur un côté des douves.
Au milieu du XVIIIe siècle, la riche comtesse d’Esclignac « qui avait aussi un château au Plessis-Pâté », modernise le château de Marcoussis. La barbacane est détruite, les ponts-levis remplacés par des ponts en pierre, dits ponts dormants, et les fenêtres sont élargies. « Pendant la révolution, le château devient bien national, sert de ferme ; la chapelle, de laiterie, raconte le président de l’association historique de Marcoussis. Au début du XIXe siècle, le petit-fils récupère le château et décide de le raser. Il était en mauvais puis il y avait un marché de la pierre. »
Archéologie, restauration et projets
Depuis 1941, les ruines du château de Montagu, la demeure bourgeoise, le nouveau château de 1864, la chapelle et les terres sont donnés à la Fondation des orphelins apprentis d’Auteuil par la dernière propriétaire, à condition d’en faire une école d’horticulture. L’association historique de Marcoussis gère les recherches et la conservation du site depuis 1990.
« Le château avait été rempli de terre pour en faire un jardin », se souvient Patrick Bourgueil. Son association compte plus de 150 membres, dont une trentaine de bénévoles actifs. Ils planifient les chantiers de rénovation, entretiennent le site et ses abords, et continuent les recherches documentaires et historiques.
Tous les ans, un chantier Rempart, avec l’association du même nom, est organisé pendant quinze jours. Ouvert à tous volontaires, il est organisé cette année durant la première quinzaine de juillet. Suivra un chantier de fouilles, jusqu’en août, le « deuxième chantier de fouilles en 20 ans ». L’AHM souhaite restaurer la tour du château pour en faire un espace pédagogique et d’exposition, notamment. Les travaux, estimés à 660 000 €, pourraient se faire en partie grâce à la Fondation du patrimoine et la Drac, mais l’association a une autre piste sérieuse qui pourrait bien accélérer les choses. Affaire à suivre.
En pratique :
Journées européennes de l’archéologie, samedi 19 et dimanche 20 juin 2021, de 10 h à 17 heures.
Le reste de l’année, le château est ouvert aux visiteurs lors du chantier mensuel de l’association, sur rendez-vous ou lors des Journées européennes du patrimoine.
Site internet de l’association : www.associationhistoriquemarcoussis.fr/ahm1